La rétine redécolle - que faire?

Dans les temps actuels, un décollement de la rétine pourra être réparée avec une ou plusieurs interventions dans 97 à 99% des cas. Le succès lors d’une première intervention est normalement coté entre 80 et 95% dépendant de l’approche prise pour remettre la rétine à sa place et la présence ou non de contraction de la rétine ou du vitré au moment de l’intervention (prolifération vitréo-rétinienne). Tout ceci pour dire que pas toutes les interventions sur les décollements de la rétine seront couronnées de succès et qu’une récidive est possible.

En général, on considère que si la rétine reste en place dans les premiers 6 mois suite à la  dernière chirurgie sur la rétine, celle-ci ne se redécollera pas. En réalité, on peut souvent savoir bien avant - à voir avec celui qui aura effectué l’ophtalmochirurgie.

Pourquoi la rétine re-décolle-t-elle?

Il y a plusieurs raisons qui peuvent expliquer ce phénomène. A la base, l’ophtalmochirurgie de la rétine cherche à colmater toutes les brèches et fissures de la rétine (trous). Si lors de l’intervention une ou plusieurs déchirures non pas été colmatées par barrage au laser ou cryothérapie, celles-ci peuvent causer un nouveau décollement.

Le trou initial peut se ré-ouvrir, si la traction effectuée par le vitré sur le pourtour du trou est trop importante. Ce risque est présent surtout dans les jours qui suive l’intervention alors que la cicatrisation autour de la déchirure (effectuée par l’ophtalmochirurgien pour former une adhésion permanente entre la rétine et les couches sous jacentes) n’a pas encore une bonne prise. Cela peut être une erreur de jugement (pas assez d’indentation, un explant pas placé au bon endroit), mais souvent c’est également un mauvais suivi des consignes post-opératoires. En effet, surtout en présence de gaz ou d’air dans l’oeil, des instructions spécifiques sont données au patient quant au positionnement à prendre. Si ses instructions ne sont pas suivies correctement, la rétine peut redécoller.

Le but du gaz est de créer un tampon autour de la déchirure et empêcher le liquide de l’oeil de séparer la rétine de sa base. Si les 2 couches ne sont pas en contacte direct, surtout dans les premiers jours suite à la chirurgie, la cicatrisation se fera mal, ou pas du tout. Rappelez vous bien que dans la cavité oculaire, une bulle de gaz ou d’air se comporte comme dans n’importe quel espace clôt: il ira vers le haut. Si la déchirure est sur le côté droit de l’oeil, il faudra se coucher sur la gauche, pour que la bulle aille à droite! La réussite de la chirurgie ne dépend donc pas seulement de sa compétence, mais aussi de votre assiduité à suivre ses instructions.

Une autre cause de récidive surtout tardive (1 mois et au delà) est la formation de PVR. Cette dernière une forme de cicatrisation cause l’apparition de membranes au-dessus et sous la rétine ainsi qu’une perte d’élasticité du tissus rétinien. La prise en charge de ce type de récidive demande une bonne connaissance de l’ophtalmochirurgie de la rétine. Elle n’est pas de l’appanage de tous les chirurgiens spécialisés dans le domaine de la rétine.

Les options thérapeutiques

Nous ne pouvons vous donner qu’un aperçu général. Les détails sont trop complexes - de fait les ophthalmochirurgiens qui se spécialisent dans ce domaine ont suivi un apprentissage d’au moins 2 ans avant de se lancer par eux-même. Telle est la complexité de ce domaine de l’ophtalmochirurgie.

Cette chirurgie sera plus conséquente que la précédente, mais dans la majorité des cas sera malgré tout mené sous anesthésie locale. Il est possible qu’un explant sera placé sur le pourtour externe de l’oeil ou que ce dernier devra être “révisé”. Dans la majorité des cas, une vitrectomie sera de rigueur avec un pelage étendu de toutes les membranes à la surface et sous la rétine. C’est la partie la plus longue et ardue de la chirurgie. Vient ensuite une appréciation du degré de la perte d’élasticité de la rétine, ou même de son rétrécissement. Dans ce cas, une rétinotomie (une séparation chirurgicale de la rétine périphérique de la rétine centrale faite avec de microciseaux) partielle ou complète sera nécessaire. Dans ces cas, de l’huile de silicone sera injectée en fin d’intervention et cette dernière devra être évacuée 3 à 9 mois suite à cette chirurgie une fois que l’ophtalmochirurgien est certain qu’une récidive du décollement n’est plus probable. Juste avant cette étape, un traitement minutieux des abords de ou des déchirures par endolaser sera nécessaire.

Suite à l’opération et dès votre réveil, des instructions vous seront données quant au positionnement nécessaire pour éviter un redécollement car même avec de l’huile de silicone, surtout dans les premiers temps, un positionnement adéquat sera requis. Il est possible que l’on vous donne également des médicaments pour réduire le risque de fibrose (de cicatrisation trop forte à l’intérieur de l’oeil).

Dans les jours et les semaines qui suivent cette intervention, à mesure que l’inflammation causée par la chirurgie s’estompe, il sera possible à votre ophtalmochirurgien de voir si la rétine se repositionne comme prévue et reste en place. Ceci sera un préalable à une éventuelle amélioration de la vision.  Cette dernière dépendra de plusieurs facteurs tel que la vision pré-opératoire, le nombre de redécollement, le degré d’inflammation et l’aggressivité de la prise en charge chirurgicale.… et l’expérience du chirurgien.

Puis-je faire quelque chose pour réduire le risque de récidive?

Lorsque la rétine se décolle à nouveau, chaque opération subséquente à environ 50% de chance d’être la dernière. Ce chiffre semble plutôt bas. Elle est la conséquence de l’équilibre nécessaire entre la cicatrisation requise autour des déchirures de la rétine et une cicatrisation erronée, non contrôlée ailleurs sur la rétine. La première est bénéfique alors que la seconde résulte d’une inflammation incontrôlée et mène à un re-décollement. Le processus est le même. Il faut donc qu’une cicatrisation puisse se faire mais sans être trop intense ou violente. L’équilibre entre les 2 est presque de l’alchimie, demande du doigté et une bonne connaissance de l’ophthalmochirurgie des récidives.

La question souvent posée: est-ce ma faute que la récidive ait eu lieu? Dans la majorité des cas (dans la mesure où les instructions post-opératoires ont été suivies), cela ne dépend pas de vous, mais de votre oeil. L’important à ce stade est pour l’ophtalmochirurgien de bien comprendre ce qui s’est passé et résoudre le problème au moment de la prochaine intervention. Il vous indiquera les consignes à suivre suite à la chirurgie. A vous de voir avec lui ce qui est possible et il adaptera l’approche chirurgicale (et le choix du tampon de la rétine) en fonction de vos possibilités.

Ai-je le temps d’un deuxième avis?

Le décollement rétien primaire est considéré comme urgent. Dans la majorité des cas, si la macula est attachée, une intervention devrait avoir lieu dans les 24 à 48 heures par un ophtalmochirurgien compétent. Dans les cas de récidive, l’intervention peut attendre au moins 1 semaine. Cela vous donne le temps d’un 2e avis si vous le désirez.

Si vous souhaitez que nous vous donnions un avis, nous nous efforcerons de vous voir dans un délai aussi bref que possible. Il serait important de nous fournir tous les détails possible sur la nature du décollement original et subséquent (une bonne description de la position des trous et de la présence et de la localisation de la PVR). Une copie du protocole opératoire, même en langue étrangère serait un atout. Bien que tout cela soit d’un grand apport, l’essentiel est un bon examen de la rétine. L’important est d’être vu rapidement. Prenez contacte, de préférence par téléphone en nous laissant vos coordonnées. Nous nous ferons un plaisir de vous recontacter.